En bref : le test de détection du VPH sur autoprélèvement aux fins de dépistage primaire du cancer du col de l’utérus : exactitude diagnostique et données probantes cliniques

Messages clés

  • Il semble que les tests de détection du virus du papillome humain (VPH) sur autoprélèvement et les tests de détection du VPH sur échantillon prélevé par un clinicien atteignent une exactitude diagnostique similaire lorsque l’on utilise certaines combinaisons de tests du VPH et de dispositifs de prélèvement d’échantillon.
  • Certaines études constatent un degré de concordance modéré à excellent entre les tests de détection du VPH sur autoprélèvement et les tests de détection du VPH sur échantillon prélevé par un clinicien.
  • Puisque les tests de détection du VPH sur autoprélèvement sont plus pratiques pour les patientes, ils pourraient améliorer les taux de participation aux programmes de dépistage systématique et atteindre des personnes mal desservies ou non dépistées.

Contexte

L’utilisation dépistage du cancer du col de l’utérus a probablement contribué à la récente diminution de l’incidence du cancer du col de l’utérus. Deux des méthodes de dépistage couramment utilisées au Canada sont les tests par cytologie et les tests de détection du virus du papillome humain (VPH). Le dépistage cytologique exige que les cliniciens obtiennent des échantillons du col de l’utérus pour un examen plus approfondi. Les tests de détection du VPH détectent directement les souches de VPH à risque élevé et nécessitent des échantillons du col de l’utérus qui peuvent être prélevés par un clinicien ou par la participante au dépistage. 

Technologie

Pour prélever un échantillon du col de l’utérus, les tests de détection du VPH sur autoprélèvement requièrent l’usage de brosses, de tampons et d’autres dispositifs. L’échantillon est ensuite envoyé au laboratoire où il sera traité pour déterminer s’il y a infection au VPH. Parce qu’il est simple d’effectuer un test à la maison, les tests de détection du VPH sur autoprélèvement ont été utilisés pour atteindre les personnes qui sont moins dépistées ou qui n’ont jamais été dépistées pour le cancer du col de l’utérus.

Enjeu

De plus en plus, on met l’accent sur l’utilisation des tests de dépistage du VPH comme test de dépistage primaire dans les programmes de dépistage systématique du cancer du col de l’utérus. Les tests de dépistage du VPH sont plus sensibles aux changements cancéreux et précancéreux et n’ont pas à être effectués aussi fréquemment que les tests par cytologie. Bien que l’utilisation d’échantillons autoprélevés pour les tests de dépistage du VPH semble plus facile pour les patientes, elle soulève la question de savoir si le gain de commodité se fait au détriment de l’exactitude des tests diagnostiques par rapport aux tests échantillonnés par un clinicien. Un examen de l’exactitude diagnostique des tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement par rapport aux tests de dépistage du VPH échantillonnés par un clinicien pour le dépistage du cancer du col de l’utérus asymptomatique aidera à orienter la prise de décisions.

Méthodologie

Ce rapport fait appel à une recherche documentaire élaborée pour une précédente revue de l’ACMTS parue en avril 2018. Depuis cette revue, des études primaires ont été publiées comparant les tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement aux tests échantillonnés par un clinicien, puis une revue systématique a été mise à jour. Ce rapport met à jour la revue précédente de l’ACMTS sur la différence dans l’exactitude diagnostique des tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement et sur la concordance entre les tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement et les tests échantillonnés par un clinicien. Pour les fins de ce rapport, une recherche documentaire limitée a été effectuée et deux revues systématiques, deux essais contrôlés randomisés et dix études non randomisées répondaient aux critères d’inclusion.

Résultats 

Certaines données probantes suggèrent que les tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement sont aussi précis que les tests de dépistage du VPH échantillonnés par un clinicien — selon les combinaisons de tests de dépistage du VPH et des dispositifs d’échantillonnage utilisés — pour détecter les changements dans les cellules cervicales classées comme néoplasie intraépithéliale cervicale 2 (CIN2) (indiquant des changements modérés) ou plus.

Tout comme la revue précédente de l’ACMTS, cette mise à jour a révélé que les tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement (comme Hybrid Capture 2 [HC2], l’un des tests de dépistage du VPH les plus utilisés) ne sont pas aussi précis que les tests échantillonnés par un clinicien pour détecter la CIN2 ou plus. On a démontré que les tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement par la méthode d’amplification en chaine (ACP) pour la détection du CIN2 ou plus n’ont pas une sensibilité ou une spécificité statistiquement différente de celle des tests échantillonnés par un clinicien.

Des études primaires ont fait état d’une concordance modérée à excellente entre les tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement et les tests échantillonnés par un clinicien. Divers tests de dépistage du VPH ont été évalués dans différents milieux de soins de santé; toutefois, l’incertitude persiste quant à savoir si les différences dans la concordance sont associées aux types de tests de dépistage du VPH utilisés.

Conclusions 

D’après les données disponibles, les tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement pourraient parvenir à une précision similaire à celle des tests échantillonnés par les cliniciens, en particulier en ce qui concerne les tests de dépistage du VPH par la méthode ACP parce qu’une concordance modérée à excellente entre les résultats des tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement et des tests échantillonnés par un clinicien a été observée dans des études primaires menées dans divers milieux de soins de santé.

Les limites de cette revue systématique comprennent une hétérogénéité considérable entre les études, une quantité limitée de données probantes de haute qualité sur la concordance entre les résultats des tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement et des tests échantillonnés par un clinicien, ainsi que l’applicabilité des données probantes existantes aux patientes qui sont vaccinées contre le VPH.

D’autres recherches sur l’exactitude des tests diagnostiques et la concordance entre les tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement et les tests échantillonnés par un clinicien dans les populations cibles pourraient réduire l’incertitude quant à la l’adoption des tests de dépistage du VPH sur autoprélèvement.