L'administration de naloxone à domicile ou dans la collectivité : examen qualitatif rapide

Messages clés

L’examen présente une analyse thématique des résultats de 11 études et met en relief les avantages et les défis que pose l’administration de naloxone à domicile ou dans la collectivité. L’expérience diffère selon le groupe de personnes qui administrent la naloxone en général, soit les ambulanciers, les policiers et les pairs intervenants.La naloxone peut sauver la vie, il est donc gratifiant de l’utiliser pour les intervenants. La surdose est un moment déterminant dans la vie des victimes comme dans celle des pairs intervenants. Certains ont amorcé des activités de réduction des méfaits après avoir affronté une surdose, ce qui illustre une incidence sur la vie des gens qui va au-delà du geste d’administrer la naloxone. En particulier, les policiers s’estiment bien placés pour administrer la naloxone parce qu’ils sont souvent les premiers à intervenir auprès des victimes d’une surdose. De plus, ils voient leur intervention comme un moyen d’améliorer les relations avec la communauté des utilisateurs.Les ambulanciers qui réaniment la même personne à plus d’une occasion se sentent parfois frustrés et épuisés. Certains vont jusqu’à dire que les consommateurs d’opioïdes ne méritent pas leurs services autant d’autres personnes en danger. Ils voient la consommation d’opioïdes comme un choix délibéré et la surdose comme un état que les utilisateurs s’infligent à eux-mêmes. D’après ces résultats, il y a lieu de penser que les ambulanciers auraient avantage à mieux comprendre la santé mentale et la toxicomanie, et que cette éducation pourrait contribuer à réduire les préjugés à l’égard des consommateurs d’opioïdes et des victimes de surdose.L’administration de naloxone n’est pas forcément chose aisée, car elle peut provoquer une réaction de sevrage chez la victime qui peut alors manifester de la colère et de l’agressivité à l’égard des secouristes. Les ambulanciers et les pairs intervenants qui ont de l’expérience dans l’administration de la naloxone sont en mesure d’adapter la dose de manière à seulement réanimer la victime qui est encore trop léthargique pour être en colère ou avoir un comportement violent. Une stratégie particulièrement importante lorsque le délai de transport à l’hôpital est long, notamment en milieu rural. Et une stratégie considérée comme bénéfique pour la victime également, car le sevrage soudain peut engendrer une envie impérieuse de consommer dans l’instant.Les pairs intervenants ont l’avantage d’être souvent sur place lorsqu’une surdose se produit, mais en détecter les signes n’est pas toujours simple, sans compter que cela se produit dans un contexte d’anxiété et de panique. Certains hésitent à composer le 911 de crainte de perdre leur logement et d’être poursuivis en justice. Les pairs intervenants parlent d’épuisement émotionnel lorsqu’ils sont appelés à intervenir fréquemment et que la victime est un proche. Parfois, leur intervention sonne le glas de leur relation avec la victime, ce qui peut être négatif ou positif.Les résultats révèlent que les louanges des ambulanciers, le cas échéant, semblent renforcer le sentiment d’aptitude des pairs intervenants, ce qui donne à penser que les ambulanciers peuvent jouer un rôle important sur le plan de leurs interactions sociales, pas seulement sur le plan de leurs compétences techniques.Plusieurs participants de ces études ressentent de la frustration parce que l’administration de naloxone ne fait rien pour s’attaquer à la cause profonde de la crise des opioïdes dans leur collectivité.